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| موضوع: L’Elu est bel et bien l’Etranger الثلاثاء أغسطس 14, 2018 5:10 am | |
| L’Elu est bel et bien l’Etranger
Mustapha KOUARA
« Raconte-moi une histoire. Proche ou lointaine, c’est sans importance pourvu qu’elle fasse époque ! » me dis-tu. Or, ma mémoire me joue de sales tours ces derniers temps, je n’ai plus de prise sur elle. J’ai comme qui dirait. un trou pareil au trou d’ozone ; mais enfin, je vais te la raconter, cette histoire. Cela ne se passait rien qu’hier Le cheikh du douar arrêtait sur le chemin mon père qui prenait le pas sur moi. Il faut dire que j’avançais derrière lui cahin-caha, dos courbé et jambes pliant sous le faix d’un sac de sel gemme que je portais sur mes épaules. Tu connais bien papa, il passe tout l’été à extraire des blocs de sel pour subvenir aux besoins de la famille. Ce qu’il extrait au bord des flots salés du fleuve constitue son seul gagne-pain. Le dignitaire de l’autorité publique tentait de lui expliquer dans la discrétion totale que quelqu’un était venu au patelin et qui comptait sur les gens de la bourgade pour décrocher un siège au parlement. « Qui dénie à l’histoire son caractère récurrent enveloppe la vérité dans le faux clinquant du mensonge » Ainsi s’est exprimé mon père sur la rencontre, oublieux de ma présence ! Il a peut-être songé à la réaction que je pourrais avoir à l’évocation d’un tel sujet politique. Depuis mon retour au village, avec pour seul bien dans le sac de voyage un diplôme universitaire sans grande utilité aucune, mon père est acquis à mes opinions sur le pouvoir politique et sur les dignitaires de l’Etat. Le cheikh a pris congé de mon père après lui avoir serré énergiquement la main en lui recommandant de soutenir la candidature de cet homme venu d’une des villes les plus anciennes du pays. Que de promesses après, de vaines promesses !... Ne dit-on pas : « A beau parler qui n'a cure de «? bien faire A l’entrée du souk, une voix me parvenait en s’amplifiant. Au début, j’ai cru que c’était la voix du montreur de singe dont les tours qu’il faisait faire à l’animal amusaient le cercle de gens formé habituellement autour de lui. Je commençais de proche en proche à percevoir quelque chose de ces bavardages des foires d’empoigne débitées lors des campagnes électorales orchestrées par les partis politiques. Je me suis approché pour mieux voir, j’ai pu distinguer, sans la moindre confusion et dans toute sa forme, la silhouette d’un homme au teint blanc. Il n’avait rien de commun avec nous ! -si ce n’était peut-être son aspect humain-. Il avait une voix grasseyante. A l’émission du son [R], sa langue se resserrait comme une huître. Allez savoir comment les habitants de cette bourgade à des années-lumière de sa ville natale allait comprendre quelque chose de son discours ! Il offrait l’image d’un acrobate. Je l’avais vu le matin au souk de moutons. Mon père s’éloignait de la foule en maudissant son temps. Son don prémonitoire supérieur au mien lui faisait entrevoir bien avant moi l’issue de l’histoire. Rien d’étonnant ! l’Etranger l’a emporté au suffrage ! Il devient contre tout pronostic le plus important ministre du pays.
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