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 Quatre femmes

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مُساهمةموضوع: Quatre femmes   Quatre femmes I_icon_minitimeالثلاثاء أغسطس 14, 2018 4:47 am

Quatre femmes
Brahim Darghouthi (Tunisie)

J’ai serré la fillette contre mon cœur comme quelqu’un qui serrait une maman au moment d’un départ à grands risques.
Entre mes mains, elle n’avait pas la valeur d’un morceau de bois.
Avait-elle commencé à grandir !?
Tu continuais à regarder le plafond. Peut-être que les araignées accrochées là commençaient à remuer.
Tu l’as regardé dans les yeux en absorbant l’inattention d’une innocente d’une petite enfance.
Seule, dans cette maison, elle ne savait pas la destination de mon voyage vers un pays lointain. On n’a pas voulu être discret. Il parait qu’elle n’accordait aucune importance à la situation.
J’ai observé ma mère convoiter sa présence et faire semblant d’être patiente, tandis que l’œil de ma femme tombait sur ma main et poussait avec émotion le dos de la fillette sur ma poitrine.
A huit ans, les apparences de féminité commençaient à se clarifier.
Malgré son visage caché sur mon épaule, je touchais les détails de la rondeur bleue de la pupille.
Sa peau claire ne lui ressemblait que la photo de « Mariam » accrochée sur le mur depuis quarante ans.
A dix ans, j’ai pris conscience de la présence d’une femme dans le cadre.
Une femme qu’on appelait « Mariam » et qui se tenait au milieu d’un soleil dont les abords étaient fondus avec des rayons pourpres.
J’ai connu que c’était La Vierge sans avoir aucune connaissance à l’égard de sa virginité sexuelle.
Quant à « Khadija », elle est à cette heure – ci, et aux limites de ma connaissance, vierge.
Vais-je la trouver ainsi après une absence qui durera cinq ans ?
Ma mère est restée ferme en lisant dans mes yeux les brûlures de la séparation, tandis que les regards de ma femme qui restaient aigus, se collaient à un vaste sourire à qui la petite a répondu.
Elle a porté ses regards sur ma joue voulant l’embrasser. Ses tièdes lèvres n’avaient atteint que le menton avec sa barbe à chevelure piquante, une barbe qui datait d’une semaine.
Depuis qu’on m’a appris la date du départ à mon exil choisi, je n’ai pas pensé à passer le rasoir sur mon visage.
Les attentes étaient longues ; et si ce n’était pas ce contrat qui a valu au mari de ma sœur cinq millions, j’aurais à déguster jusqu’à maintenant l’amertume d’un demain gelé par la force du droit.
Le décret de ma destitution de mon emploie m’interdit l’embauche dans une entreprise gouvernementale, comme j’ai ri, en se rappelant que je n’ai excellé en aucun travail manuel et que je ne connaissais même pas comment tenir un marteau.
Mon seul métier demeurait l’écriture dans le journal du parti jusqu’à l’apparition de cet article qui a coupé le dos du dromadaire :
Seul vaincra, le bâton du ministre.
Tous ont applaudi mon courage, mais vite ils ont oublié mon nom et mon existence, et cela est une autre histoire.
Khadija a bougé, essayant de se tenir sur ses pieds.
Le visage de ma femme s’est éclairé d’une joie après ce malaise.
Et, parce que j’ai honte de la présence de ma mère, je n’ai pas pu la prendre dans mes bras comme je faisais lorsque nous étions seuls. Je lui ai tenu fortement les mains parce que je savais que c’est dure d’attendre durant cinq années s’il nous restera du temps à vivre.
J’écoutais souvent ses plaintes de l’infécondité de l’un de nous deux malgré l’affirmation du docteur qu’elle n’est pas la cause du problème.
Elle ne m’a jamais fait sentir d’embarras.
Maintes fois, nous nous sommes donnés rendez-vous chez le docteur pour un examen de mon sperme, mais, chaque fois, il y a eu un fortuit imprévu qui empêcha cette opération.
Heureusement, elle connaissait bien notre condition et comprenais ma défaillance.
Khadija s’est retirée dans la cuisine et maman s’est jetée sur ma poitrine. Alors, je me suis baissé pour l’embrasser au moment où ma femme allait après les pas de la fillette.
Il me paraissait que se sont mes derniers baisers.
Ma femme ne dévisageait pas la fillette du même regard de consentement comme le jour où sa maman est venue nous proposer l’adoption de sa fille pour cacher son acte impie de peur du déshonneur.
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