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 Flirt à la leu

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مُساهمةموضوع: Flirt à la leu   Flirt à la leu I_icon_minitimeالثلاثاء أغسطس 14, 2018 5:09 am

Flirt à la leu
Mustapha KOUARA (Maroc)
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Je marchais péniblement derrière lui. J’arrivais à peine à remuer mes jambes qui se dérobaient sous le fait d’un sac de farine. Le trajet n’était certes pas très long, mais le fardeau sur mes épaules était si accablant que je laissais échapper de sourdes et inconscientes plaintes. Je devais fournir ainsi le même parcours à la fin de chaque quinzaine, du moulin à la voiture de Si Hamza.
Me soumettant à son ordre, je déposai le sac dans la malle arrière. Quel ne fut grand mon étonnement quand je vis des gouttes de sang au fond du coffre ! Je jetai instinctivement un regard qu’on pouvait dire inspiré par le désir d’enquérir des traces d’une victime immolée.
L’inspecteur de police avait l’air absorbé. Il semblait tourner et retourner mes paroles dans sa tête. J’étais sur le point de reprendre une phrase qui du fond me démangeait. Mes amis me reprochaient ma frénésie à l’évocation des crimes commis dans cet adorable pays. Selon eux, mon penchant immodéré pour le cinéma devrait y être pour quelque chose :
- Hammou Zahouani (Hammou-le-Cascadeur), c’est ainsi qu’on vous nomme d’ordinaire, n’est-ce pas ?
- Si, chef !
- Mais le vrai nom, est-ce bien Hammou Al Bah’raoui ?
- Oui… Seulement, le sobriquet m’est collé pour mes fréquentations des salles noires. Ils disent que je n’y vais rien que pour avaler à grands traits le plaisir de caresser de mon regard le charme tout nu des femmes exhibées sur écran.
Je bégayais. J’avais peine à articuler mes dernières syllabes. Mon dieu !... Je sentis qu’on désirait me compromettre. On s’arrangerait sans doute pour faire retomber un crime sur ma tête ! Le témoin passa donc pour être suspect. On l’interrogea sur des détails n’ayant rien à voir avec les gouttes de sang déjà vues.
- Dis-nous tout ce que tu sais au sujet de notre homme !
Il m’était loisible, en l’occurrence, de lorgner le visage de l’inspecteur. Son front dégoulinait d’une sueur au reflet lumineux oscillant entre le rouge foncé et le jaune foncé. Il lança vers moi un coup d’œil furtif et doucereux pendant qu’il échangeait avec son camarade des signes discrets mais perceptibles à vue d’œil. Il voulait sans doute mesurer la portée de sa question qu’il voulait provocatrice mais qui demeurait en suspens :
- Tu viens de prononcer son nom, n’est-ce pas ? Veux-tu nous dire maintenant ce que tu sais ?
- Toutes les deux semaines, si Hamza venait chercher son blé une fois moulu. Mes amis les porteurs, ayant compris que c’était un de mes clients fidélisés, ont cessé de se ruer vers lui en le voyant venir. Ils se contentaient de me faire signe bien avant qu’il descendît de sa voiture en m’annonçant qu’il était là.
Nos regards se rencontrèrent à la vue de ce visage qui flairait la piété à travers une barbe touffue. Puis, la limousine devenait objet de notre curiosité, nous ne voyions guère de pareil engin que dans des cortèges officiels.
La marchandise déposée à la place habituelle, il me tendit une pièce de dix dirhams. J’avais entendu une fois le meunier l’appeler par son nom, je me mettais à mon tour à l’appeler « patron ». Il souriait en me tapotant sur les épaules. J’en tirais une vanité naïve ! Nous ne connaissions personne capable d’une telle prodigalité.
Il m’interrogea pour savoir pourquoi un homme de son chic et de son genre venait en personne au moulin pour ses sacs. Personne n’en sut donner les véritables raisons ! J’eus l’idée que peut-être craignait-il que le meunier lui dissimulât du poison dans la farine. Quelque chose en moi m’interdisait d’exprimer mon opinion.
- Dis-nous ce que tu as vu ce matin, voilà ce qui nous intéresse, nous !
- Je réitère ce que j’ai dit, monsieur… j’ai vu des gouttes de sang. J’ai eu l’idée diabolique que…
Il éleva le ton en n’interrompant :
- Quelle couleur a le sang ? Verte ? As-tu vu tout près un sac ou une valise ?
- Dieu m’est témoin, je n’ai rien vu de tout ça.
Dans la pièce, la lumière était parfaitement diffusée, couvrant tout le cercle au milieu duquel j’étais assis. L’inspecteur se retira derrière son bureau et disparut derrière sa silhouette. Il me revint à l’instant l’image d’une femme. Elle était bien arrangée et s’apprêtait les regards admirateurs.
Je ne pouvais penser qu’elle était sa femme. Sur le nu de sa poitrine pétillait un collier tout en or. Elle avait pris la direction de la gare routière. Je crus qu’elle allait vers le marchand ambulant qui vendait des bananes, mais elle passa par derrière l’autocar d’où le graisseur hurlait : « Rabat ! Rabat ! »
Je me tus avec l’espoir de retarder quelque peu ma mise en cellule. Ce qu’on disait à propos des violations de toutes natures subies par le simple citoyen dans ces lieux fait tressaillir d’effroi celui qui au moins s’imagine avoir des démêlés avec les autorités judiciaires.
Un sentiment horrible m’envahissait à l’idée qu’on pourrait me tendre un piège et me mouiller dans une sale affaire si jamais je ne collaborais pas comme ils le désiraient.
Souvent au cinéma, je voyais avec quelle précipitation les enquêteurs rédigeaient leurs rapports pour l’envoyer à leurs patrons impatients. La police judiciaire te pond un rapport en ajoutant les fioritures des belles instructions. Elle l’envoie ensuite au procureur qui, à son tour, le pimente à sa façon avant de le soumettre au beau plaisir des honorables juges pour examen de l’affaire. Et là ! Comme dit l’adage, « Tant pis pour toi, Baudet ! Prends le temps qu’il te faut pour mourir ! »
La densité de la fumée et la faible lueur du coin de la pièce faisaient qu’on ne remarquait pas ce sourire chaud qui passait sur mes lèvres froides.
Sa silhouette apparaissait derrière l’écran de fumée, et les questions pleuvaient :
- Tu tiens toujours à nier que tu n’as pas vu de sang sur la voiture de « si Hamza » ?
- Dieu m’est témoin de ce que j’ai dit.
- Tu te drogues ?
- Avant oui ! Plus maintenant !
- Tu bois ? vous, les porteurs, vous avez du moins cette délicatesse de remplacer le vin cher par l’alcool à brûler.
- Non monsieur, je suis un type qui ne rue ni ne mord. Et puis, mon ulcère d’estomac m’interdisait la boisson alcoolisée. Cela fait plus de quarante ans. D’ailleurs, je gagne à peine de quoi subvenir à mes besoins les plus élémentaires et à ceux de ma famille.
- Ecoute-moi bien ! Toi, tu n’as vu ni sang ni « ceux n’ayant rien à gagner en s’abandonnant au désespoir ». Tu viens de dire que tu as une famille, n’est-ce pas ?... Et que tu mènes une vie paisible. Pourquoi donc t’attirer des ennuis et chercher à te mettre martel en tête ?
Nul besoin de me fatiguer les méninges pour comprendre ce que voulait insinuer l’enquêteur, le malotru. Sa voix s’avivait horriblement. Il proférait des grossièretés à la manière de ces responsables qui ne ressentent pas la moindre gêne en crachant des trivialités. Je compris sur le champ qu’on voulait m’expédier. Je songeai à cette pièce de théâtre « Un témoin n’ayant rien vu », et en même temps elle venait s’entremêler dans mon esprit cette image du témoin attitré, allèche par une offre substantielle en argent. Tous les moyens sont bons pour couvrir le crime d’un personnage important de film. Il fut pénétré jusqu’à la moelle par l’idée qui lui faisait envisager la possibilité d’une offre. Il se raviserait en retirant sa déposition et on le mettrait certainement en liberté après lui avoir versé une somme d’argent assez ronde !
Il saisit l’occasion d’un blanc pour se mettre à négocier avec lui-même du don possible à recevoir comme il est de coutume au cinéma. Un moment, elle lui fut venue l’idée de camper dans sa position première et de renoncer à tout pour la sauvegarde de cette bribe de dignité qui lui restait en ce maudit temps où les dignités sont froissées, mais bientôt il se rétracta, songeant aux conséquences terribles auxquelles pouvait l’exposer une telle position obstinée :
- Qu’est-ce que tu dis ?
J’aurais bien aimé leur crier en leur crachant à la face tout le ressentiment, tout le mépris que m’inspirait jusqu’à leur existence dans ce monde. La rage me rongeait les entrailles. J’allais me répandre en imprécations quand soudain je vis l’image de mes enfants attendant un père au déclin de l’âge


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